Le Jiu-Jitsu Brésilien est souvent perçu comme l’art du combat au sol, avec une grande emphase sur le jeu de garde et les soumissions. Pourtant, chaque combat commence debout, et savoir amener un adversaire au sol avec contrôle peut être un atout majeur. Certains pratiquants misent sur la garde, tandis que d’autres privilégient la lutte et les takedowns.
Pour comprendre cette opposition, analysons deux styles bien distincts à travers deux compétiteurs d’élite :
- Levi Jones-Leary : Spécialiste du jeu de garde, avec une garde flexible et une attaque constante depuis le dos.
- Nick Rodriguez (Nicky Rod) : Athlète explosif venu de la lutte, qui impose son rythme avec des amenés au sol dominantes.
Qui a l’approche la plus efficace ? Tout dépend du contexte (comme souvent en JJB 😉)
2 approches, 2 styles de combat
En grappling, le combat se joue souvent entre deux philosophies :
- Levi Jones-Leary est un expert du jeu de garde ouvert et du berimbolo. Il cherche à inverser ses adversaires ou à prendre le dos avec des attaques dynamiques. Son style repose sur la vitesse, la flexibilité et la précision technique.
Il suffit de regarder son combat contre Kade Ruotolo pur s’en rendre compte 👇
Ou encore sur cette vidéo du combat entre Levi Jones-Leary et Tye Ruotolo :
- Nick Rodriguez, lui, vient d’un background en lutte et mise sur les takedowns explosifs et le contrôle du dessus. Il ne veut pas laisser à son adversaire l’opportunité de développer son jeu au sol.
Voici quelques highlights du phénomène 👇
Levi et Nicky Rod sont tous deux extrêmement efficaces dans leurs domaines, mais leurs styles peuvent être avantagés ou limités selon les règles et le contexte du combat.
L’impact des règles et du format de compétition
En compétition, les takedowns ont une importance variable selon les règles :
Dans les compétitions IBJJF (JJB avec kimono), de nombreux pratiquants préfèrent tirer la garde plutôt que de prendre le risque de lutter debout. C’est là où des spécialistes comme Levi Jones-Leary excellent, car ils transforment immédiatement la garde en une position offensive.
À l’ADCC (grappling no-gi), les takedowns rapportent des points cruciaux et les gardiens doivent travailler dur pour récupérer une position dominante. Un lutteur comme Nick Rodriguez a donc un sérieux avantage, car il force ses adversaires à jouer à son jeu.
Si le but est de marquer des points rapidement et de dicter le combat, la lutte est un atout majeur. Si, en revanche, on veut piéger un adversaire et travailler patiemment depuis le sol, un bon jeu de garde peut suffire.
La lutte : Un atout en MMA et en autodéfense
En dehors du JJB sportif, la lutte prend encore plus de valeur.
En MMA, la majorité des champions ont une base en lutte. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent choisir où se déroule le combat : garder l’adversaire debout pour le frapper ou le mettre au sol pour le dominer.
En autodéfense, savoir amener un adversaire au sol en toute sécurité ou, au contraire, éviter d’être mis au sol est un énorme avantage. Tirer la garde dans la rue est rarement une bonne idée… 🤕
Dans ces contextes, le style de Nick Rodriguez s’avère beaucoup plus efficace. Un bon lutteur peut dicter le combat, tandis qu’un pur joueur de garde dépend du bon vouloir de son adversaire.
Peut-on réussir sans Lutte ?
Si Levi Jones-Leary prouve une chose, c’est que la lutte n’est pas indispensable pour exceller en compétition. Avec une garde dynamique et offensive, il peut :
- Contrôler l’adversaire dès qu’il tire la garde, en cherchant des inversions et des entrées en 50/50.
- Utiliser la garde lapel (garde aux revers) pour neutraliser la lutte, empêchant son adversaire d’avoir une posture efficace pour passer.
- Piéger les lutteurs impatients, en exploitant leurs erreurs pour passer sous eux et prendre le dos.
Le problème, c’est que face à un lutteur comme Nick Rodriguez, qui ne s’engage pas dans la garde et joue un jeu ultra-mobilité, le gardien doit sans cesse rattraper son retard.
C’est pourquoi les meilleurs grapplers modernes travaillent les deux aspects du jeu. Gordon Ryan, par exemple, maîtrise autant la lutte que le jeu de garde, ce qui lui permet d’être dominant dans toutes les positions.
Comment ajouter la lutte à son JJB ?
Si tu veux un JJB plus complet, voici quelques étapes simples :
1. Intègre des drills de takedowns : Même si ton jeu repose sur la garde, savoir exécuter un bon single leg, double leg ou arm drag peut surprendre un adversaire.
2. Défends mieux les takedowns : Apprends les sprawls, underhooks et défenses de hanche pour éviter d’être projeté au sol sans contrôle.
3. Mélange lutte et JJB en sparring : Trop de clubs commencent directement au sol. Travailler les entrées et défenses debout rendra ton jeu plus équilibré.
Trouver le bon équilibre
Alors, faut-il absolument être un lutteur pour réussir en JJB ? Non, mais ça aide énormément.
Si tu es un joueur de garde comme Levi Jones-Leary, tu dois savoir te défendre contre la lutte et rendre ta garde aussi dangereuse que possible.
Si tu es un grappler explosif comme Nick Rodriguez, assure-toi d’avoir une bonne base en JJB pour ne pas être vulnérable une fois au sol.
Aujourd’hui, les meilleurs compétiteurs ne sont ni exclusivement des lutteurs, ni uniquement des spécialistes de la garde : ils sont capables de s’adapter.
Ne sois pas unidimensionnel. Travaille ta lutte et ta garde, et tu deviendras un grappler redoutable dans tous les scénarios !